jeudi 18 février 2010

Iquique

Et nous voila de retour à Santiago, après 6 jours de vacances bien remplis à Iquique, dans le Nord, à 1850 km de la capitale. C'est passé vite, j'aurais bien pris plus de vacances mais au moins on en a profité au maximum. Comme promis voici le recit de nos vacances avec plus de photos que je n'en ai jamais publié dans un billet de mon blog (avec le temps, j'ai appris à baisser le poids des photos, quand il me fallait 20 minutes pour monter une photo au début de ce blog, je les télécharge maintenant en quelques secondes). Tout a commencé par le voyage en avion. C'était le baptême de l'air de Teresita et on peut dire qu'elle a été servie...

Notre vol était un véritable avion-bus. Je m'explique, on a attéris et rédecollé des principales villes du Nord : Copiapo, Calama (la ville la plus glauque du Chili par laquelle on a transité l'année dernière avec mes parents et mon frère à la même époque de l'année pour rallier San Pedro de Atacama) et enfin Iquique. À chaque fois, des gens descendaient et montaient de l'avion comme dans un bus. Teresita a donc eu le droit à trois décollages et trois attérissages pour son premier vol en avion. Ce qu'elle a préféré, c'est le plateau repas, qui lui rappellait quand elle jouait aux tasitas (à la dinette) quand elle était petite. Le guide touristique disait que l'arrivée sur Iquique était impressionante. L'aéroport est à 40 km au Sud de la ville. On a donc pris un transfert en bus et on est arrivé par la route côtière qui longe le Pacifique, joli mais pour ce qui est de l'arrivée sur la ville, on a été plutôt déçu, on est entrée dans Iquique par la ville nouvelle et ses lotissements, ce qui n'avait rien d'extraordinaire. J'ai compris plus tard que l'arrivée était impressionante pour ceux qui arrivent de la Panaméricaine, la route qui relie Arica à l'extrême Nord du pays au Sud de l'île de Chiloé (que j'ai parcouru dans sa totalité mes deux premières années au Chili, maintenant il me reste à connaître la Route Australe qui commence là où termine la Panaméricaine et va jusqu'au Cap Horn, c'est de la piste, elle n'est même pas bitumée). Ceux qui arrivent par la route, et non en avion comme nous, doivent prendre la Route 6 qui relie la Panaméricaine à Iquique, elle débouche en haut des falaises qui dominent la ville et là effectivement l'arrivée est beaucoup plus impressionante.

Comme vous pouvez le voir, Iquique est construite sur une mince bande de terre coincée entre le Pacifique et la Cordillère de la Côte. Nous sommes tout de suite allé prendre nos quartiers dans notre hôtel.

L'hôtel de la Plaza, choisi parce que dans une maison historique de la ville. Iquique est née de l'âge d'or des nitrates qui servaient à fabriquer les engrais et la poudre à canon au XIXème siècle. Les nitrates étaient extraits du désert d'Atacama (le plus aride du monde, il n'y pleut jamais) et acheminés ensuite par chemin de fer jusqu'au port d'Iquique, c'est ce qui a fait la richesse de la ville. Le témoignage de cette richesse passée, ce sont ces maisons coloniales, comme notre hôtel, construites avec des pins de l'Orégon amené par les navires qui descendaient des États-Unis.

À peine nos bagages déposés, nous sommes tout de suite allé voir la tour de l'horloge, le plus célèbre bâtiment de la ville.


Puis le port, avec ses lions de mer, comme ceux que l'on avait vu l'année derniére avec Rémi sur le marché de Valdivia dans le Sud ou pendant la traversée en ferry pour Chiloé.

Nous sommes revenus au port le lendemain pour le traditionnel tour en bateau comme à Valpo.

L'objectif étant cette fois d'aller voir la fameuse bouée comémorative du combat naval d'Iquique pendant la Guerre du Pacifique au XIXème siècle qui opposa le Chili à ses voisins, le Pérou et la Bolivie. Sujet sur lequel j'aurais voulu faire ma maîtrise d'Histoire, mais ma prof, spécialiste du Mexique, préfèrait que je la fasse sur le PRI, le parti politique qui est resté 70 ans au pouvoir au Mexique, sujet que j'ai abandonné en court de route pour venir vivre au Chili. Je ne desespère pas de reprendre un jour mes études d'Histoire pour me consacrer à la Guerre du Pacifique, un sujet méconnu en France, mais qui continue de déchaîner les passions ici.

Voici donc la fameuse bouée. Pour faire court, pendant la guerre, la flotte chilienne était partie plus au Nord dans le but de détruire la flotte péruvienne, laissant seulement deux bateaux, la Esmeralda et la Covadunga, faire le blocus d'Iquique qui était alors un ville péruvienne. Les deux navires chiliens laissés en arrière à Iquique étaient de vieux bâteaux en bois. C'est alors que surgissent deux cuirassés péruviens, le Huascar et la Independencia. Les Chiliens ne font pas le poids. Le Huascar épéronne la Esmeralda et l'acier triomphe du bois. Sachant que son navire va couler, Arturo Prat, qui commandait la Esmeralda, se lance courageusement à l'abordage du Huascar où il ne tarde pas à mourir sous les balles des Péruviens retranchés dans leur tourelle blindée et la Esmeralda fracassée par le Huascar coule à pic. La bouée marque le lieu du sacrifice d'Arturo Prat. Un sacrifice qui ne sera pas vain car le récit de la mort héroique de Prat va servir par la suite à galvaniser les troupes chiliennes qui remportent finalement la Guerre du Pacifique et remonteront même jusqu'à Lima au Pérou, enlevant au Pérou et à la Bolivie des terres riches en nitrate à l'époque (en cuivre aujourd'hui) et privant la Bolivie de son accès à la mer. C'est dire si cet évènement qui marque le tournant de la guerre est important pour la mémoire collective des Chiliens. Quand on a tourné autour de la bouée, ils se sont mis à chanter l'hymne national (ma Teresita aussi) et je n'ai pas pu m'empêcher de me moquer de leur nationalisme, quand on sait oû cela nous a mené en Europe...

Le lendemain, journée plage, sans photo, de peur de se faire piquer l'appareil pendant qu'on faisait trempette. Bien agréable de pouvoir se rafraîchir dans le Pacifque après la chaleur infernale du désert. Le surlendemain, un peu d'adrénaline, ça faisait longtemps, avec notre baptême de parapente. Iquique dispose d'une situation exeptionnelle pour la pratique de ce sport. En effet, le vent du Pacifique vient buter contre les falaises aux pieds desquelles est construite la ville provoquant ainsi de superbes courrants ascencionels. Teresita a été la première à s'élancer.

Une fois dans le vide, je l'ai vu monter à plus de 100 m au dessus de nos têtes. Je l'ai suivi de peu...

...et c'était le pied!

La photo d'Iquique au début de ce billet a été prise par moi en parapente.

À la fin du XIXème siècle, les Européens inventent les engrais synthétiques et mettent ainsi fin à l'âge d'or du nitrate. Les mines et les villages de mineurs du désert sont alors subitement abandonnés pour devenir des ville fantômes (comme dans Lucky Lucke...). Avec la mer chaude (le littoral central près de Santiago est trop froid pour s'y baigner) et le parapente, les villes fantômes étaient la troisième raison de notre choix d'Iquique comme destination de vacances. Comme le nitrate était expédié dans le monde entier depuis le port d'Iquique, l'Unesco a déclaré les villes fantômes du désert Patrimoine Mondial de l'Humanité comme le témoignage d'une époque où le travail des pampinos, les mineurs du désert avait servi à l'humanité toute entière. Les villes fantômes de la pampa d'Iquique sont l'un des quatre sites chiliens classés au Patrimoine Mondial de l'Humanité avec deux collines de Valparaiso, les Églises de Chiloé et l'Île de Pâques. Il ne me manque plus que l'Île de Pâques pour les avoir tous fait, sur laquelle je pense faire l'impasse. Tous ceux que je connais qui y sont allés en sont revenus déçus. C'est cher et je préfère connaître l'archipel Juan Fernandez et l'île de Robinson Crusoé. Avant Noël, nous avons reçu un livre de l'Unesco où étaient repertoriés tous les sites classés au Patrimoine Mondial de l'Humanité, en le parcourant, je me suis rendu compte que j'en avais déjà visité une bonne partie que ça soit en France, en Espagne, en Italie, en Argentine où maintenant au Chili et généralement ça en vaut la peine.

Nous avons commencé par visiter Santa Laura, l'une des premières mines.

Qui présente l'avantage d'avoir conservé la chaîne de production pratiquement intacte.

Puis nous avons connu Humberstone, qui fut une ville ultramoderne pendant la grande époque du nitrate avec l'eau courante, l'électricité, le téléphone, un théâtre, une piscine, un terrain de basket, de tennis, deux écoles, ect... tout ça aujourd'hui abandonné.







Seuls les très très intimes auront le droit à l'explication de cette photo...

Pour les guides touristiques, le plus émouvant, c'est l'école, avec les bancs des écoliers qui n'ont pas bougé.

Après les villes fantômes, qui par la quantité de photos qui leurs sont consacrées sur mon blog, vous l'aurez compris m'ont beaucoup plu, nous sommes allés voir les géogriphes précolombiens de Pintado qui servaient de panneaux de signalisation aux nomades du désert au Ier siècle après la naissance de J-C.

Avant d'aller nous abriter un peu à l'ombre des arbres frutiers de Pica, une oasis au milieu du désert.

Pica est très connue pour ses citrons qui servent à la préparation de tout Pisco Sour, le cocktail national au Chili (et au Pérou), qui se respecte. C'était l'obscession de Teresita à Pica, goûter un Pisco Sour sur le lieu de production des fameux citrons indispensables à sa préparation. Et ici, nous avons l'exemple de comme tout peut être parfois si simple au Chili. On arrive à cette gargotte qui ne vend en principe que des jus de fruits frais et qui n'a bien sûr pas la licence pour vendre de l'alcohol.

Teresita demande à la petite grand-mère qui tient la gargotte : "Señora, savez-vous où est-ce que l'on peut boire un Pisco Sour par ici?". La petite grand-mère réfléchit une minute et ne voyant pas vraiment où elle pouvait nous envoyer, répond : "Moi, je peux vous en préparer un si vous voulez", "Non deux s'il vous plaît". Elle part dans son arrière cuisine et revient avec deux succulents Pisco Sours, les meilleurs que l'on ait essayé, et ça a été notre apéro de tous les jours pendant nos vacances. Maman, on a eu une pensée pour toi à chaque fois!

Après Pica, Matilla, autre oasis dans le désert, avec son clocher typique des Andes comme je les aime tant.

Et la Tirana, lieu de pélerinage mythique du Nord, où chaque année convergent 80 000 pélerins pour voir les danseurs du carnaval. Mais comme le carnaval a lieu a la mi-juillet, j'ai dû me contenter de ma Teresita comme unique danseuse.

Heureusement, le soir même, on a eu la chance d'avoir un avant goût du carnaval avec quelques danseurs dans les rues d'Iquique.

Hier, autre journée plage, encore sans appareil photo. Iquique est aussi un fabuleux spot de surf avec de magnifiques vagues qui fonctionent tous les jours de l'année. C'est mon seul regret de ces quelques jours de vacances bien mérités, n'avoir pas pu en surfer ne serait-ce qu'une seule. Il y avait des plongeoirs flottants au large de la plage. Aucun problème pour y aller mais j'ai peiné pour en revenir avec le courant. Je ne pense pas que ma condition physique, vu le peu de sport que je fais, en raison du peu de temps libre que mon laisse mon boulot à la librairie, m'aurait permis de vraiment profiter de ces superbes conditions pour le surf. Un autre point positif de ces vacances, c'est que ça m'a donné envie de me remettre à la natation, le problème, c'est qu'ici, c'est bien cher!

Après le flop des nitrates, Iquique a dû se réinventer, tout d'abord en devenant un port de pêche qui a exporté plus de poissons qu'aucun port au monde puis, avec sa zone franche, un immense centre commercial, la Zofri, où tout est détaxé. C'était le programme de ce matin avant le retour en avion pour Santiago.

Je m'y suis racheté une malette de poker, ayant dû laisser la mienne en France quand je suis venu vivre au Chili, en raison du poids. Je me consolais en disant qu'elle servait néanmoins aux potes toutes les semaines mais c'était malgré tout un véritable traumatisme auquel j'ai pu mettre fin aujourd'hui. J'ai trouvé des potes de la Teresita qui jouent au poker, il ne me manquait plus que les jetons pour lancer les parties. J'ai mis dans la malette mes deux jeux de cartes plastifiées, celui de toutes les parties en France avec les amis, que j'ai enmenné avec moi par nostalgie et celui que m'a envoyé Matt dans un colis, je suis fin prêt!

Voilà pour les nouvelles, demain dernier jour de vacances, sans doute à des fins domestiques. Retour au boulot ce week-end. N'étant pas tout à fait rassasiés question vacances, on pense repartir pour Pichilemu le week-end suivant où j'espère bien cette fois-ci me prendre une vague ou deux. J'espère que tout le monde va bien. Désolé pour les fautes, il y en a sûrement des tas, mais j'oublie ma langue maternelle alors que pourtant j'enchaîne les livres en français, il est tard, trois heures du mat', mais je mourais d'envie de vous raconter estas maravillosas vacaciones nortinas! Un abrazo gigantesco para todos et à bientôt! El Coco (qui s'est enfin coupé les cheveux comme vous l'aurez remarqué!). ¡Chao y suerte!

1 commentaire:

Unknown a dit…

mon amourcito......me haces muy feliz! espero pasemos muchas vacaciones como estas....tan leeeeendas.te amo