mercredi 23 novembre 2011

mercredi 2 novembre 2011

L'interminable attente

Bonjour à tous! Suite aux réclamations de quelques-uns des lecteurs de ce blog, je me décide enfin à publier un nouveau billet. L'explication de ces deux mois de silence est que les nouvelles ne sont pas des meilleures, du moins en ce qui me concerne. Le 1er septembre dernier, jour de la dernière publication sur ce blog, la photo de groupe de notre soirée d'aux-revoirs en France, je me suis mis à cracher du sang en toussant ce qui est bien angoissant. Le médecin de mes parents en France me conseille de rentrer au Chili pour m'y faire investiguer médicalement. J'écrase ma dernière cigarette après 13 ans à un paquet par jour et je n'en ai pas refumé une depuis grâce à l'aide précieuse de patchs et de pastilles à la nicotine. Nous rentrons donc au Chili, un vol moins agréable qu'à l'aller car notre petite Catalina s'est réveillée plusieurs fois en pleurant. De retour à Santiago un week-end, nous y retouvons nos amis pour une soirée de bienvenue. Le lundi, Catalina fait sa rentrée à la crèche, Teresita à son travail où elle a la mauvaise surprise d'apprendre que ses amis collègues se sont fait virer en son absence, tandis que moi, j'ai rendez-vous chez le pneumologue, le début d'un long parcours médical.

Catalina de retour chez nous après son premier jour de crèche. Notre petite a tout de suite retrouvé ses marques à son retour au Chili.

Un scanner de mes poumons haute définition écarte pour le moment le redouté cancer du poumon ou autres tumeurs et lésions mais les symptomes continuent. Le Doc me conseille d'aller aux urgences en cas d'agravation des symtomes. Ce qui se produit une semaine plus tard alors qu'un jour je crache plus de sang que je ne le fais quotidienement. Après le moderne et soigné Hôpital du travailleur à côté de chez nous où j'ai vu mon pneumologue et où je me suis fais faire mon scanner me voilà donc à la Posta Central, l'hôpital de l'assistance publique de Santiago, lui aussi à côté de chez nous, nous vivons dans le quartier des hôpitaux, nettement plus glauque, surtout un soir de 11 septembre, jour anniversaire du coup d'état de 1973, un jour où l'ambiance est toujours tendue au Chili. On commence à suspecter une éventuelle tuberculose ce qui me laisse dubitatif et l'on me réaiguille sur le consultorio, qui rappelle à mes parents le dispensaire de leur enfance. Je n'en finis pas de dégringoler dans la vétusté des locaux de santé où je consulte mais moi qui voulais être journaliste je le vois comme un reportage sur le système de santé chilien. On m'y fais cracher dans un récipient pour continuer les investigations sur une éventuelle tuberculose. Il va falloir attendre 11 jours pour une première réponse et un mois ou deux pour une réponse plus définitive car il faut mettre en culture en laboratoire mes crachats sanguinolants. Pour nous changer les idées, nous décidons pour le 18 septembre, la fête nationale, de partir pour le Nord du pays qui me fascine tant car les paysages y sont incomparables avec ceux que l'on peut voir en Europe, plus précisément, nous allons à Chuquicamata, la plus grande mine de cuivre à ciel ouvert du monde.

Non ce n'est pas vrai, c'est un truquage, je ne fais que poser devant une photo géante. En réalité, le 17 septembre, jour de l'anniversaire de Francisca ma belle-mère, le même jour que mon père, nous allons dans l'un des grands parcs de Santiago pour y célèbrer la fête nationale dans les fondas, ces paillottes que l'on monte spécialement pour l'occasion où l'on mange des barbecues, l'on écoute et danse sur de la musique traditionnelle, l'on joue et trouve des activités comme cette photo géante de la mine.


Teresita qui n'attend plus rien de son travail depuis que ses amis se sont fait virés et qui pense être la prochaine sur la liste quand elle ne sera plus protégée par la maternité (quand Catalina fêtera son premier anniversaire), change de travail pour un travail mieux payé mais surtout beaucoup plus près de chez nous dont elle est très contente, en revanche, elle a de plus en plus de mal à me supporter car je continue à cracher du sang tous les jours, ce qui m'angoisse, me fatigue, je ne sais toujours pas ce que j'ai et je ne peux pas commencer à me soigner, je me plains tous le temps, moi qui suis normalement dynamique, j'aide de moins en moins à la maison et avec la petite. Catalina, elle, continue de grandir, elle sait dire papa / maman, non, non, non, non en faisant non du doigt, ce qui choque les Chiliens qui n'aiment pas dire ou s'entendre dire non, elle sait se mettre debout en s'aidant d'un meuble, marche à quattre pattes et nous suit partout dans la maison, touche à tout ce qui nous oblige à lui acheter un parc pour les moments où l'on ne peut pas avoir l'oeil sur elle.


Avec la crèche, elle passe son temps à attraper tous les virus des autres enfants et passe finalement presque une semaine sur deux à la maison avec son papa insuportable qui fait malgré tout des efforts pour pas qu'elle ne s'en rende compte. Bien qu'elle soit encore petite, elle a de nombreuses activités à la crèche, comme ce jour où sa maman l'a déguisée en fée coccinelle.


De mon côté, les analyses médicales se poursuivent, bilan sanguin, tout est OK, PPD, le test cutané pour détecter la tuberculose, si la réaction est supérieure à 5 mm, l'on supose que c'est ça, 19 mm dans mon cas mais le test peut-être altéré par le vaccin BCG de mon enfance, l'on pense quand même vue l'ampleur de la réaction que c'est quand même ça mais le lendemain les premiers résultats de l'analyse de mes crachats tombent et disent que ça n'est pas ça mais il faut attendre les seconds résultats de la mise en culture. Mon pneumologue continue à penser à la tuberculose. Nouveau scanner, toujours rien. Reste un  dernier examen à faire, celui que j'ai repoussé jusqu'au dernier moment, la fibrobroncoscopie, l'introduction par la bouche d'une nano caméra dans les bronches, la même caméra que celle qu'utilise les forces spéciales en la faisant passer sous la porte. Un examen qui en France, dans le premier monde, se fait sous anesthésie génerale mais le Chili est un pays en dévèloppement et ici on est réveillé les 10 / 15 minutes que dure l'examen, une vraie torture médiévale mais quelle libération quand c'est terminé! Et que le docteur vient te voir pour te dire que oui c'est la tuberculose mais... que ça peut être aussi le début d'un cancer du poumon. La petite caméra a aussi permis aussi de faire des prélèvements d'échantillons pour continuer d'étudier une possible tuberculose avec cette fois un diagnostique définitif, a trouvé un germe de peumonie, réalisé une biopsie pour si ça n'est pas la tuberculose (qui se soigne très bien au Chili) voir si c'est le début d'un cancer du poumon (qui ne se soigne pas). Mais il faut attendre, attendre et attendre, aujourd'hui alors que j'écris, ça fais deux mois jour pour jour que tout ça a commencé. Cette fois le diagnostique définitif de la tuberculose devrait tomber cette semaine ou la semaine prochaine. Si c'est ça, ça sera le début d'un traitement à base de cocktail d'antibiotiques pour six mois un an qu'il faudra aller prendre tous les jours au consultorio car c'est un programme gouvernemental totalement gratuit dans un pays où la santé comme l'éducation sont très majoritairement privatisées mais sous surveillance car il paraît qu'après un mois de traitement l'on se sent pratiquement guéris et si les malades de tuberculose arrêtent de prendre leur traitement, ils développent alors une tuberculose pharmacorésistante beaucoup plus dure à soigner. Si c'est pas ça, l'insuportable attente va recommencer pour un diagnostique sûrement encore beaucoup moins engageant. Pour la Toussaint, cette année, il y avait pratiquement de minivacances au Chili avec un week-end de 4 jours, cette fois pour nous changer les idées, nous sommes vraiment sortis de Santiago, pour aller au bord du lac de Rapel, le premier grand lac au sud de Santiago.


En compagnie des amies d'enfance de Teresita.

Au menu, bières, barbecues, jeux de société et promenade romantique en barque sur le lac.

Où malgré mon affaiblissement, j'ai quand même pu ramer pour impressioner ma femme, en me souvenant de mon grand-père qui m'a appris à ramer quand j'étais petit. Les copains chiliens des amies de Teresita ont voulu m'imiter et ne sont pas parvenu à faire plus que des ronds dans l'eau. Chile 0 - Francia 1. Nous avions laissé Catalina à sa gand-mère mais nous sommes revenus à Santiago le 31 octobre pour son premier anniversaire.

Où elle a reçu comme cadeau de sa grand-mère un déambulateur pour bébé.

Et rien de ses parents, juste leur retour des bords du lac. De retour chez nous dans la soirée pour Halloween, fête gringa que j'éxècrais mais pour laquelle j'ai maintenant de l'affection car c'est le jour où est née ma fille, si plus tard elle veut fêter Halloween elle aura le droit, Catalina découvrait le cadeau de son autre grand-mère que nous avions reçu de France il y a plusieurs jours mais que nous avions gardé précieusement de côté.

Un petit zoo avec lequel elle a joué jusque tard dans la soirée. Aujourd'hui c'était le retour à la crèche pour elle, au travail pour sa maman et à l'interminable, l'insuportable attente des résultats médicaux pour son papa. Mon état de santé ne me permet pas de travailler pour le moment. J'ai bien fait deux tentatives, en retournant travailler en librairie mais manier des cartons de livres me fait cracher plus de sang tout comme ramer pour ma femme il y a deux jours. À défaut de vendre des livres, je les lis. Le 21 0ctobre dernier, je fêtais mes 4 ans au Chili. Dans un an, je peux prétendre à la nationalité et dans 3 ans c'est Teresita qui peut prétendre à la nationalité française. Nous avons maintenant notre livret de famille français en plus du chilien, Catalina, elle, a les deux nationalités, n'en déplaise à quelques députés nauséabonds de l'UMP. Ici au Chili, la révolution lycéenne et étudiante pour une éducation gratuite et de qualité qui dure depuis plus de 5 mois est en panne depuis deux semaines. Nous n'avons plus vu de barricades à deux pâtés de maison de chez nous depuis 15 jours. Il semble que pour le progrès social reprenne en France comme au Chili, il va falloir attendre le retour de la gauche aux affaires, espérons-le! Le gouvernement chilien de droite, le premier depuis la dictature, a quand même, reconnaisons-le, fait voter le congé maternité de six mois au lieu de trois, une loi qu'aurait dû faire voter la gauche quand elle était au pouvoir. Nous espérons que mon état de santé s'améliore pour pouvoir en profiter et mettre en route un petit frère ou une petite soeur pour Catalina J'espère que pour vous tout va bien. À  bientôt pour d'autre nouvelles que j'espère meilleures. Les histroires de crachats sanguinolants c'est quand même moins glamour que Paris, Venise et la Méditerranée. Ici, c'est le début de l'été.