jeudi 24 avril 2008

Pour ceux qui ont le temps...

Salut à tous, j’espère que vous allez bien. Moi, ça fait maintenant plus de six mois que je suis en Sud America. Et, je suis en train de terminer mon premier mois de pega, de travail en chilien. Je suis vendeur à la Librairie française de Santiago et j’écris de temps à autre pour l’édition santeguina du petit journal (sur internet des français expatriés). Voici mon dernier article sur Fred, un québécois qui traverse l’Amérique du Sud au Nord. Il a passé un mois chez mes voisins du dessus, Javier et Cati, des étudiants en médecine, jeunes parents d’un petit Emilio d’un peu plus d’un an. Je suis devenu bien pote avec tout ce petit monde.

AVENTURE– L’Amérique à vélo


Fred, un Québécois de 32 ans est en train de traverser les Amériques, du sud au nord. Le petit journal était avec lui quand il a quitté Santiago

(photos de Javier de la Maza)

Le samedi 12 avril dernier, Frédéric De la Rocca est parti à vélo de Santiago pour tenter de rallier son Québec natal à 8.870 kilomètres plus au Nord.
Paysagiste, à 32 ans, il a vendu son entreprise pour réaliser le rêve de sa vie : traverser les Amériques à vélo. Depuis 12 ans, il a passé presque tous les étés en Amérique du Sud alors que c’était l’hiver au Québec avec des températures 30° C en dessous de zéro qui dans sa profession ne lui permettaient pas de travailler. A 20 ans, il avait déjà traversé le Venezuela et la Colombie à bicyclette. Il a commencé sa traversée des deux Amériques l’année dernière, par le Sud, en faisant Santiago – Ushuaia, par la mythiques "carretera austral" au Chili et la "ruta 40" en Argentine. Il affirme que les paysages s’opposent radicalement d’un côté ou l’autre des Andes. Côté chilien, c’était très vert et humide avec des forêts, des lacs et beaucoup de pluie.

Jungle froide contre pampa

(photos de Javier de la Maza)

Alors, qu’en Argentine, c’était le désert, la pampa, c’était très sec et il avait dû faire beaucoup de réserves d’eau. Il lui avait fallu moins de trois mois pour descendre jusqu’à la Terre de Feu en parcourant en moyenne une centaine de kilomètres par jour : un voyage de 4.000 kilomètres selon le compteur de son vélo. Il explique, qu’à vélo, on ne prend pas nécessairement la route la plus directe, qu’on se promène beaucoup pour chercher un endroit pour camper.
A nos lecteurs tentés par l’aventure de la route sud, Fred conseille de se dépêcher car le gouvernement chilien est en train de la goudronner pour ouvrir le sud au tourisme. Loin d’être un plus, c’est selon lui la porte ouverte aux voitures, ennemies du cycliste, comme chacun le sait.
Pour cette deuxième "mi-temps" ; entre temps il est rentré vendre son entreprise, car il espère boucler le parcours Santiago –Québec, en moins d’un an. Bien habitué au grand froid, au moment de prendre ce nouveau départ, il confessait être un peu inquiet de se retrouver bloqué par la neige lors de la traversée de l’altiplano.
On peut suivre ses aventures sur son blog : http://freddelrock.spaces.live.com/
Corentin RIVERON. (www.lepetitjournal.com Santiago) lundi 21 avril 2008

Les photos ont été prises par Javier, mon voisin et mon premier bon pote ici. La première, celle de Fred qui pose avec son vélo a été prise dans l’antejardin, le jardin devant la porte d’entrée de mon petit immeuble de 16 petits apparts. La deuxième, celle de Fred qui dit au revoir, dans ma rue, la calle Perez Valenzuela. Comme pour, mon premier article, elle ont été recadrées et améliorées par Mara qui est payé quatre fois plus que moi comme prof’ de photoshop à la Uniacc, une des universités majoritairement privées du Chili.

Si vous allez voir le blog de Fred, vous pourrez voir des photos de Javier, Cati et Emilio et de la traversée des Andes de Fred par le col de los Libertadores, un des plus beau passage des Andes par lequel on est passé trois fois avec Matt au mois de janvier (mais nous, c’était en bus).

C’est ma troisième semaine à la Librairie française. J’ai enfin pu aller chercher mon permis de travail le lundi 7 avril. En sortant du bureau des étrangers et des migrations, j’étais tellement pressé de commencer à travailler, que j’allais super vite en vélo dans une des rues bondées du centre ville. Je me faufilais entre un taxi et le trottoir quand le passager a justement décidé d’ouvrir la portière. Je me suis retrouvé sur le trottoir sans avoir compris ce qui c’était passé. Plus de trois semaines après, la coupure que je me suis fait à la main ne s’est toujours pas refermée. Ça fait bien rire Javier qui ne misait pas lourd sur ma résolution d’aller tous les jours travailler en vélo (une heure aller, une heure retour). Depuis, mon deuxième jour, j’y vais en micro (en bus) en une demi heure porte à porte.

Ma première semaine a été la plus longue semaine de travail de toute ma vie : 56 heures, plus de 20 de plus qu’en France. Avec en plus, une fête (bien sympa) entre collègues de travail le samedi. En fait, j’ai une semaine dure, celle ou je travaille le week-end suivie d’une beaucoup plus tranquille. Certes, c’est plus d’heures qu’en France mais pour l’instant c’est mon boulot préféré. Je commence à 9 h 30, une heure raisonnable, 10 h les week-ends où je travaille. Je termine à 18 h, ce qui me laisse de belles fin de journées. Je ne travaille jamais le mardi, ce qui me permet d’aller à la Vega avec Mara et Javier. C’est l’équivalent de Rungis (sauf que c’est en centre ville) pour Santiago, un immense marché de fruits et légumes, un endroit où l’on se sent plus que jamais en Amérique du Sud, plein de couleurs et d’odeurs. Hier, Mara travaillait, j’ai pris pour la première fois la voiture tout seul pour y aller avec Javier. On a déjeuné dans un restaurant, soupe, jus de fruit, salade, poulet (mais en fait peut-être du pigeon) et purée pour luca, 1 000 pesos, un peu moins d’1 € 50. Javier a ses cours à côté de la Vega. Il m’ a laissé rentrer tout seul avec la voiture. J’ai eu l’impression d’avoir habité toute ma vie ici. En arrivant, on a eu une « vidéoconférence » avec mes parents. C’était bien sympa : ça faisait plus de six mois qu’on s’était pas « vu ». Comme dit Mara, « esas cosas son muy emocionantes ».

A la Librairie française toujours, ça ne m’est encore jamais arrivé, mais c’est pas un problème d’arriver en retard. On peut se prendre un café et après aller aux toilettes et fumer une cigarette quand on veut. Je passe beaucoup de temps à ranger les livres qu’on a vendu où reçu (plus de trois semaines par bateau pour les livres en français). Michelle, ma chef est de père chilien et de mère française, du coup au travail, comme à la maison, je parle autant français que chilien. En étant le seul vendeur français, je donne « plus de cachet » à la librairie comme on dit ici. Je travaille le matin avec Janette une Valpina (de Valaparaiso) de 40 ans avec qui je m’entends super bien. On prend le bus ensemble tous les matins et on partage un bon déjeuner tous les midis en une demi-heure et toujours pour moins de 700 pesos, un Euro. L’après-midi, arrivent Cédric, un publicitaire dégoutté de la concurrence, le stress et la pression dans son secteur et Viviana, une Chilienne prof’ de français et interprète de Talcahuano, le même village de pêcheurs que Javier mon voisin. Sofia, la copine de Cédric est de Lisbonne au Portugal. C’est un couple international comme Mara et moi. Ils sont venus dîner samedi dernier avec Javier et Cati. Mara avait cuisiné un des meilleurs bœuf bourguignon de toute ma vie. On mange super bien, c’est une excellente cuisinière.

Le week-end prochain, je travaille de nouveau, samedi, dimanche plus toute la nuit de dimanche à lundi. Après la plus longue semaine, ça va être le plus long weed-end de travail de toute ma vie. On emballe pendant la nuit toute la Librairie qui va être fermée dix jours pour travaux. Après, je ne travaillerai pas lundi, mardi, le mercredi, je suis d’inventaire et le jeudi, c’est le 1er mai, comme en France, je ne travaillerai pas, de même que le vendredi, le samedi et le dimanche. Si Mara aussi a le pont, on a comme projet d’aller voir Miguel et Consuelo, son frère et sa belle-sœur qui vivent à Copiapo, à plus de milles kilomètres au Nord, dans le désert d’Atacama, le plus aride du monde. Il paraît que c’est magnifique.

Enfin, pour finir, voici ma tête après mes trois premières semaines de travail qui vous pouvez le voir, ne m’ont pas laissé sans séquelles.


Bien sûr, c’est une blague, une autre photo retravaillée par Mara, une des nombreuses fois où je l’exaspérais. C’est déjà pas facile de se comprendre entre hommes et femmes mais en plus entre cultures différentes… même si on me dit parfois que j’ai des réactions plus chiliennes que les Chiliens…

Un grand abrazo y mucha suerte. Je souhaite que pour vous le soleil pointe enfin son nez, histoire de remonter un peu le moral à votre pays qui d’après ce que j’en lis, paraît pas mal déprimé. Moi, ça fait un an que je suis en été. Je n’ai pas vue la pluie depuis six mois sauf pendant notre petit passage sur l’altiplano bolivien avec Matt. Les nuits se sont un peu rafraîchies. Mara m’a offert un super pyjama et des super chaussons tête de lion.

PS : désolé pour les fautes. Comme à chaque fois, j’imagine qu’il y en a, surtout les participes passés que je sais plus accorder (en espagnol, ils ne s’accordent pas).