jeudi 21 août 2008

Invierno

Jeudi 21 août (bonne anniversaire Anne !), Santiago (du Chili !)

Ici, on est plein milieu de l’hiver. Incontestablement le meilleur hiver de toute ma vie ! Du soleil presque tous les jours, quand il pleut c’est presque une fête tellement on ne voit presque jamais la pluie. La pluie c’est aussi elle qui tue le smog cette méchante cape de pollution qui recouvre Santiago encastrée entre deux chaînes de montagnes. Santiago est une plus jolie ville en hiver avec les Andes enneigées.

Avec Mara, on vient de fêter l’anniversaire de notre première année ensemble. L’année dernière à la même date, on revenait tout juste d’un week-end à l’île de Ré pour l’anniversaire de mi mama. L’année a été mouvementée. Je lui ai écrit que notre relation était comme la mer. La mer, en espagnol, c’est el mar, la mer, la Mara… Qu’est-ce que j’aime le calme après la tempête…

Ça fait maintenant dix mois tout juste que je me suis posé au Chili. Dix mois, c’est ce qu’il m’aura fallu pour me sentir vraiment installé ici. Aujourd’hui, j’ai enfin pu m’inscrire à la sécurité sociale chilienne. Mon travail à la Librairie française m’a tout donné : mon visa de résidence d’un an estampillé sur mon passeport, ma carte d’identité chilienne et surtout mon fameux RUT, le numéro de matricule qu’ont tous les Chiliens un peu comme notre numéro de sécu. Je suis le 22.722.532-7. C’est ce numéro qui m’a permis d’entrer aujourd’hui dans la base de données de Fonasa, la sécurité sociale de 11 millions de Chiliens sur 17 millions.

J’ai enfin des amis ici, ce qui est plus que nécessaire à mon équilibre. Mon meilleur pote, c’est Javier mon voisin du dessus, 22 ans et déjà père d’un petit Emilio de déjà deux ans, étudiant en quatrième année de médecine comme sa copine Cati. Sinon mes amis et presque ma famille de substitution ici, ce sont mes collègues de la libraire : Mi tio (oncle) Cédric, un ancien publicitaire de 37 ans qui a à sa charge sa maman de 80 ans et son frère trisomique, toujours de bonne humeur et avec un sacré sens de l’humour, pas une semaine sans un bon fou rire pour une blague ou une imitation de Cédric.

Mi tia Viviana, une prof de français chilienne, célibataire de plus de 40 ans avec qui j’aime bien papoter en français au restau le midi pendant la pause déjeuner ou en buvant des bières pour fêter le week-end (seulement un week-end sur deux).

Et bien sûr, mi tio Danielo, la trentaine, mon deuxième meilleur ami ici. Celui qui m’a accueilli un mois dans sa maison au pied des Andes quand on a traversé le pic de notre crise avec Mara. Aussi mon chef au boulot et grand journaliste au Chili. On passe des heures et des heures au travail mais c’est pas désagréable. On rigole bien, on écoute de la bonne musique. Je peux ramener à la maison toute la presse française et toutes les livres que je veux quand les livres ici valent deux fois plus chers qu’en France.

Les Français sont connus ici pour être plus revendicatifs en matière de revendications salariales. Je ne fais pas exception à la règle. Mes collègues me disent « tu crois que parce que un chico du premier monde est arrivé à la librairie, la patronne va changer sa manière de fonctionner ? ». Le premier monde, il m’a fallu du temps pour comprendre ce concept. Je n’avais jamais pensé que je pouvais être du premier monde. Bien sûr je connaissais le tiers monde, mais je n’avais jamais pensé ni au premier ni au second. Maintenant je vis dans le second monde.

Avec Mara, on peut enfin s’aimer tranquillement. Espérons que cette année mouvementée le fut parce que année d’adaptation de deux cultures, de deux personnalités l’une à l’autre. ¡Ojalà ! Un mot arabe arrivé à l’espagnol, ce n’est pas un verbe, c’est un mot mais qui veut dire j’espère…

Danielo.

Vivi.

On croirait que je suis dans un bar. Non, non, je suis bien à la librairie. Ça va faire un an que je ne suis pas coupé les cheveux...

La cordillère.

Coucher de soleil.

Mara, le jour où on a fait de la luge en sac poubelle dans les Andes. Le jour qui m'a permis de rentrer à la maison après un mois en exil.

C'était le 20 juillet le jour de l'anniversaire de ma grand-mère. J'ai pensé à toi Mamie !

Danielo, Moi et Mara à l'arrière plan.