jeudi 26 novembre 2009

Chili an III

Bonjour à tous!


Je n'avais rien publié depuis mes vacances en France au mois d'août qui m'avaient permis de m'échapper 3 semaines de l'hiver austral et de revoir ma famille, parents et frangin (que je n'avais pas vu depuis le mois de février lors de nos émouvantes retrouvailles au Chili après notre plus longue séparation), grands-parents (que je n'avais pas revus depuis presque deux ans) et mes amis, surtout mes amis finalement...


Et la publication de ma nouvelle participation au concours Santiago en 100 palabras qui consiste à raconter la ville ou la vie urbaine contemporaine en moins de 100 mots. Concours dont les résultats sont tombés. Je n'ai encore pas gagné cette année, bouh... Lors des mes deux participations, j'ai pensé, si je gagne, j'écris un livre. Ce n' est donc pas encore pour tout de suite même si j'ai copié sur mon frère Rémi en m'achetant un Moleskine lors de mon passage à Paris, le fameux carnet de notes des écrivains et des journalistes rendu célèbre par Hémingway sur lequel il m'arrive de prendre quelques notes en prévision de ce grand projet.


En attendant, il faudra se contenter de mon blog. J'ai enfin récupéré mon appareil photo que j'avais prêté depuis le mois d'août à mon pote Javier, mon ancien voisin du temps où j'habitais calle Perez Valenzuela dans le quartier chic de Providencia (maintenant j'habite Santiago Centro, Barrio Brasil, un quartier beaucoup plus mélangé qui me rappelle mon 13ème arrondissement à Paris), mon pote Javier, étudiant en 4ème année de médecine et jeune Papa de 25 ans d'un petit Emilio 3 ans avec sa copine Cati, étudiante en médecine elle aussi.


Comme ça je peux vous mettre quelques photos, intercalées dans le texte parce que je sais que sans ça, la majorité d'entre vous ne font pas l'effort de me lire.


J'ai fêté mes deux ans comme expatrié au bout du monde, le 21 octobre dernier, et le moins que l'on puisse dire est que cette entrée dans ma troisième année au Chili a été mouvementée. Elle a commencé par une


Infinita Tristeza


La semaine où j'ai été le plus triste de toute ma vie pour mon ami Danielo. Danielo est mon meilleur ami ici, mon grand frère comme le dit ma Teresita. C'est la personne sur laquelle j'ai pu le plus compter ici. J'ai vécu trois mois chez lui dans sa maison de la précordillère (où il fait un froid glacial en hiver et une chaleur torride en été) lors des moments les plus difficile de mes deux premières années ici. C'est le responsable de ma Librairie Française où je travaille depuis bientôt deux ans maintenant. On lui a diagnostiqué du diabète à l'âge de 9 ans, et le pire des diabètes, de type 1 avec dépendance à l'insuline. On a donc toujours été habitué à voir Danielo malade. Mais cette année 2009, il se voyait franchement mal : il était toujours essouflé, ne pouvait plus monter des escaliers, faisait de la rétention de liquide et était tout gonflé. Après avoir erré de médecin en médecin toute l'année, la señora Isabelle, la patronne, l'a finalement obligé à s'hospitaliser à l'hôpital de l'Universitée (privée) Católica, le meilleur (et aussi le plus cher, ici la santé n'est pas gratuite comme en France) de Santiago. Le diagnostique que les médecins n'avait pas été capables de touver pendant toute l'année n'a cette fois pas tardé à tomber et la nouvelle nous a tous plongé dans une tristesse infinie : insufisance cardiaque, seule une transplantation cardiaque en urgence pouvait sauver Danielo.


En plus d'être le responsable de ma librairie, Danielo est aussi journaliste et critique littéraire du journal la Nación. Ci-dessus l'article publié par ses collègues pour informer de sa situation complexe, l'attente d'une transplantation cardiaque à seulement 35 ans et sollciter des fonds pour aider à payer l'addition plus que salée d'une semaine d'hospitalisation à l'Hôpital de la Católica. Quand il n'y a plus d'espoir, il n'y a plus rien.


Próxima Estación: Esperanza


Et heureusement des fois ça serd de ne pas perdre l'espérance. Danielo a été transféré dans un autre hôpital, public cette fois, donc beaucoup plus économique (mais toujours pas gratuit) dans l'attente de la transplantation. Je préfère ce nouvel hôpital. C'est une vieille grande bâtisse coloniale un peu décrépie mais les médecins y sont tout aussi compétents. Je le vois comme l'hôpital del pueblo. Quand Danielo y est rentré, son coeur ne fonctionnait plus qu'à seulement 10%. En lui injectant directement des médicaments dans le coeur par une sonde qui lui entrait par le cou ce qui était impressionant, les fabuleux docteurs ont réussi à faire repartir son coeur qui fonctionne maintenant à 43%. Danielo sort tout juste de sa coronographie et les résultats sont tombés. Sa première semaine à l'hôpital, on pleurait tous comme des madelaines. On a tous eu envie de se remettre à pleurer mais cette fois de bonheur. La transplantation est définitivement écartée, un "simple" triple pontage suffit. Et dans l'attente de l'opération, Danielo devrait être autorisé à rentrer chez lui. Il devrait donc pouvoir passer les fêtes dehors. Il remarche, se promène dans les couloirs de l'hôpital et peut de nouveau monter les escaliers. Par contre, il est vraiment tout maigre. Il pesait 84 kilos en rentrant à l'hôpital à cause de la rétention de liquide, les docteurs l'ont littéralement séchés et après un mois alité, il ne pèse plus que 53 kilos, on lui donne maintenant de la nourriture calorique pour le faire regrossir, il a repris un kilo, de 84 kilos à 54, 30 de moins, ça ne passe pas inaperçu!


Déjà qu'avant que le capitaine ne quitte le pont du navire, le bateau prennait l'eau. La librairie fonctionnait au minimum des ses effectifs : Danielo (le capitaine et mon "grand frère"), mon "oncle" Cédric (le capitaine en second), Amanda (ma "petite soeur" et ma coloc') et moi plus ma copine Cata notre temps partiel qui est enceinte de 5 mois et rate de plus en plus souvent le boulot. Quand avant, c'était 8 personnes qui y travaillaient. Sans Danielo, ça n'était donc plus possible. Heureusement, la famille s'est élargie avec


Alejandro, un pote de Cédric et Danielo, un mec super sympa qui a su s'intégrer tout de suite à la famille. Ici dans notre bodega, notre arrière boutique où l'on petit déjeune, déjeune et dîne et d'où je check désespérément mes mails tous les jours. Depuis que je suis revenu de France en août, je ne reçois pratiquement plus que des mails du Chili, c'est sans doute le prix à payer pour une si longue absence. Et où je suis souvent connecté à MSN. Alejandro est musicien, photographe et ingénieur du son. Il travaille notamment pour Michèle Bachelet, notre bien aimée présidente (dont l'action est approuvée par 74% du peuple!) malheureusement plus pour longtemps. Les présidentielles sont en décembre. Et ici, les présidents ne peuvent pas se représenter immédiatement pour un second mandat (de 4 ans). On tremble de voir revenir la droite au pouvoir apreès 17 ans dans l'opposition, depuis la fin de la dictature. Si l'horrible Sebastián Piñera (une sorte d'hybride entre Sarko et Berlusconi) gagne, dans quel pays vais-je aller vivre cette fois?

Comme vous le savez le printemps est souvent propice au début d'un nouvel amour. Avant mes vacances en France, ma copine Cata voulait déjà me présenter la meilleure amie de Seba son copain (presque son mari maintenant qu'ils vont être bientôt parents). Le lendemain du départ de Rafa le frère de Cata comme assistant d'espagnol à Orléans en France, le 29 septembre précisément, c'était les 30 ans de Seba et aussi l'occasion de me présenter enfin Teresita la meilleure amie de Seba. Moi qui ne croit pas trop aux "coups arrangés", je dois reconnaître que Cata et Seba ont eu le nez fin. À peine arrivé à la soirée d'anniversaire de Seba, j'ai tout de suite remarqué Teresita avec sa crinière de lionne (je la vois comme une lionne mais plutôt prête à mordre pour protéger ses petits que me mordre moi). Quand je l'ai vu sortir sur le balcon pour aller fumer une cigarette, j'ai sauté sur l'occasion. Et on a finalement passé toute la soirée à boire des verres de vins sur le balcon. On était comme coupé du monde. On ne faisait pour ainsi dire pratiquement plus attention aux autres, pourtant nos amis, trop occupés à discuter en se regardant dans les yeux. On s'est pris la main et j'ai finalement terminé la nuit chez elle. On ne s'est plus quittés depuis. Je vous présente donc ma Teresita. Certains d'entre vous (mes parents, Rémi et Lulu, Yoël et Elsa l'ont déjà vu lors des jeudis Skype).

Ici devant chez mes amis Nicolas et Martina dans le paisible quartier de Nuñoa, un autre couple international (Martina est italienne, ça fait plus de 5 ans mainteant qu'elle vît au Chili, c'est mon modèle dans mon projet déjà bien avancé de m'installer, qui sait, définitivement ici et Nico est un ami d'enfance de Danielo). Teresita est cartographe comme Seba. L'autre jour, on cherchait un éventuel nouvel appartement pour moi (ou pour nous?) sur internet. La cohabitation avec Amanda et son copain Carlos touchant à sa fin. Maintenant que Carlos a enfin trouvé du boulot, ils veulent aller vivre ensemble. Et moi aussi, j'ai envie depuis que je suis revenu de France de continuer mon chemin de mon côté. Teresita cherchait donc d'abord dans les petites annonces immobilières puis elle localisait l'adresse exacte par satellite avec Google Map. Elle évaluait le type d'habitat alentour, maisons ou immeubles, la quantité d'espace vert, la proximité des métros, ect... Je me croyais avec une analyste de la CIA de la série télé 24 Heures Chrono. Je suis très amoureux. Elle a 26 ans. Déjà éxotique pour moi, elle est très typée indienne (elle n'aime que je lui dise ça, ici le mot indio est très péjoratif mais pour moi non), elle est aussi exótica dans son pays. Alors que les Chiliens peuvent souvent être plutôt petits ou un peu gros, elle est grande et toute fine avec des jambes interminables. Je lui trouve un corps parfait. Je la trouve belle, intelligente, caline, féline, sanguine aussi. Elle a ce tempérament méditerranéen pas toujours facile pour un petit français comme moi du Nord de la France plus tempéré. Elle me recadre et je dois reconnaître que ça ne me fait pas de mal. On rentre d'un week-end de rêve à la plage (ici c'est le début de l'été, désolé...) sur le littoral central, à moins de 2 h de Santiago. C'est un mystère pour moi. On a le Pacifique à côté. C'est beau, c'est pas loin et c'est pas cher et on y va finalement très peu. On est aussi casanier que des Parisiens alors qu'on a des paysages magnifiques à moins de 2 heures et que Santiago est moins joli que Paris (mais le climat y est meilleur et il y fait meilleur vivre, si seulement on ne travaillait pas tant...).

Le premier matin de notre week-end à la plage, sur la terrasse de notre petit bungalow, avec vue sur mer!

La caleta (comme la cale d'Arradon) de El Quisco où l'on a passé le week-end.

Teresita travaille au QG de campagne d'Eduardo Frei, le candidat de la Concertación, la coalition de gauche pour les présidentielles, elle y fait de la cartographie électorale, c'est grâce à son travail qu'ils savent où il faut envoyer les militants, les endroits qu'il faut convaincre. Elle part tous les jours en tailleur au travail. Moi qui continue de m'habiller comme un éternel adolescent avec mes sweats à capuche, je préfère quand elle est habillée plus streetwear...

Vue sur le Pacifique depuis la vierge de Cartagena, autre station balnéaire du littoral central, au sud de El Quisco. Cartagena était l'ancien lieu de villégiature de la noblesse chilienne il y a de ça un siècle. On y voit des maisons qui ont du être très jolie à l'époque. Comme tant d'autres endroits au Chili (Valaparaiso, Pichilemu, ect...), c'est une ville qui tombe en désuétude. Cartagena est maintenant le repère des racailles de Santiago en été. Heureusement, on y était encore hors saison...

Moi devant l'une de ses maisons colorées que j'aime tant en Amérique du Sud.

Ici aussi le soleil se couche à l'ouest mais sur un autre océan. Pensez que pour les Argentins, les Brésiliens, ect... le soleil qui disparaît dans la mer ça n'existe pas...

De retour à Santiago, parc Diego de Almagro. On sort souvent se promener après le travail avec Teresita. Elle aime sa ville et me l'a fait découvrir, et souvent des endroits charmants et cachés à 2, 3 cuadras (pâtés de maison) de chez moi dont je ne soupçonnais même pas l'existence. Avez-vous reconnu l'église que l'on voit au fond? Elle se veut une réplique du Sacré Choeur!

Amanda et sa copine de 15 ans Adèle (comme Romain et moi), lors de la soirée de départ d'Adèle au café Brasil, bar communiste mythique de Santiago. Adèle a passé un mois au Chili. C'est moi qui ait été la chercher à l'aéroport, Amanda travaillait ce jour là. Je lui ai prêté ma chambre pendant son séjour ici, ce qui était aussi une bonne excuse pour aller vivre à plein temps chez Teresita chez qui je suis toujours fourré depuis que je l'ai rencontrée. Avec Teresita, on meurt d'envie d'aller vivre ensemble pour de bon, on pense aussi guagua (bébé en chilien) même si ça ne fait pas très longtemps que l'on s'est rencontré. Comme vous le voyez, je suis toujours aussi impulsif, il y a des choses qui ne changent pas... Adèle doit être en train d'arriver en France. Comme à chaque fois que quelqun rentre en France, je suis bien content de ne pas être à sa place. En partie sur mes conseils, Adèle a suivi les traces du voyage que nous avons fait en famille avec mes parents et mon frère en février : Santiago, San Pedro, Valpo, Valdivia, Puertos Varas, los Saltos de Petrohué et le lac Todos los Santos, ça m'a rendu un peu nostalgique. Qui vient me voir en février 2010?
Je vous laisse car je viens de passer plus de 5 heures sur mon blog, j'espère qu'au moins vous m'aurez lu, il est 17 h, je n'ai encore rien mangé, je ne me suis pas encore douché et ici c'est l'été, j'ai pas mal transpiré pour vous raconter tout ça, je dois aller chercher Teresita au QG de campagne. Les connaisseurs auront reconnu le clin à d'oeil à Manu Chao avec les nouvelles de Danielo, Infintita Tristeza étant une chanson de son album Próxima Estación Esperanza, Manu Chao que je rêve de voir en concert depuis l'an 2000 quand je vivais à Dinard, qui a plus que contribué à me donner envie d'apprendre l'espagnol, de voyager en Amérique du Sud et que je vais voir en concert ici à Santiago du Chili dans moins de 3 heures maintenant. Sur ce, ¡un abrazo gigantesco y mucha suerte y felicidad para todos! Les estraño mucho. Coco